l'aquarelle | 1983-1992

de retour à sa première passion

Enfin libre de se consacrer à plein temps à l'aquarelle !

Après quarante ans d'une carrière exceptionnelle dans les communications, c'est enfin l'art qui devient la priorité. Pour tout dire, Jean-Paul Ladouceur est un bourreau de travail. Depuis le début de sa carrière à l'ONF, son temps s'est toujours partagé entre un emploi stable dans le domaine des communications qui assure un revenu à sa famille auquel s'ajoute une passion de peindre qui occupe pratiquement tous ses temps libres. Dès le début de sa carrière professionnelle, la passion de peindre occupe une grande partie de son temps personnel. Durant toute sa vie, la table à dessin a constitué le centre de ses intérêts.

Pour ceux qui l'ont connu intimement, il était coutumier de le trouver à sa table à dessin. Dès le repas familial terminé, il descendait dans son atelier et se consacrait à l'aquarelle jusqu'à tard dans la soirée. Pinceau à la main, télé silencieuse syntonisée sur une partie de football, musique en sourdine meublant la pièce, il consacrait presque toutes ses heures libres à l'aquarelle. Avec son départ de Télé-métropole, cesse la contrainte de se présenter chaque jour chez un employeur. C'est alors qu'il décide de se consacrer entièrement à l'aquarelle, technique qu'il maîtrise et qu'il veut faire connaître. Il y consacre le dernier volet de sa vie.
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Ladouceur répond aux questions de l'auditoire pendant une démonstration d'aquarelle au Centre culturel de Verdun vers 1980.

Au fil des ans…

1982

  • Il tient une exposition solo à la Galerie Alexandre, rue Sherbrooke à Montréal.

  • Il rassemble les aquarellistes québécois les plus connus de l’époque et fonde la Société canadienne de l’aquarelle. On compte parmi eux: Jean-Paul Ladouceur / Gilles Archambault / Pierre Cochand / Maurice Domingue / James Halpin / Jacques Hébert / Jean-Guy Meunier / Herbert Peacock / Tony Price / Manuel Ruiz / Luigi Tiengo / Pierre Tougas / Eric Wesselow. Il devient président de cette nouvelle société.

  • Avec l’appui du Centre culturel de Verdun, il met sur pied le module aquarelle qui devient le moteur de la diffusion de l’aquarelle au Québec.

  • Sur le modèle des workshops américains,il entreprend les premiers ateliers d’aquarelle extérieurs dans des régions pittoresques du Québec et des environs. Les rencontres voyagent aux Éboulements, le long du fleuve Saint-Laurent, dans les Laurentides, au Vermont et au Maine.

  • Il fonde des modules d’aquarelle à Laval et Chicoutimi.

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1983

  • Il préside la tenue du premier Salon du printemps de la Société canadienne de l’aquarelle (SCA) dans la salle d'exposition du Centre culturel de Verdun.

  • Par son encouragement et son exemple, il développe et implante l’idée des démonstrations publiques d’aquarelle par des professionnels chevronnés du milieu québécois.

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Après la fondation de la Société canadienne de l'aquarelle (SCA), Ladouceur dessine les armoiries de cette nouvelle société d'artistes. Elle souhaite regrouper les meilleurs aquarellistes qui oeuvrent chacun de leur côté et en faire une force qui pourra influencer le monde de l'art.

1984

  • Il anime des ateliers vacances à Québec, Chicoutimi et Booth Bay USA.

  • Devant le besoin manifeste de communiquer avec les intéressés, il élabore le Bulletin de la SCA, une publication bimensuelle consacrée à l'aquarelle, à ceux qui la pratiquent et ceux qui veulent la connaître. La publication contient un éditorial, des entrevues d'aquarellistes, des conseils techniques, un calendrier des événements, mention des ressources disponibles et l'annonce des activités, cours et formations à venir.

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1985

  • Le premier Bulletin de la SCA paraît en janvier 85. Ladouceur crée tout son contenu qu'il rédige et illustre jusqu’en 1990. Il est connu aujourd’hui comme L’aquarelliste.

  • Il construit l’atelier Belaquar en annexe à sa résidence dans le cadre duquel il offre des cours privés au rythme de 3 jours/semaine.

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1986

  • L'Université de Nouveau-Brunswick de Moncton l'invite à titre d'enseignant pour une session d'été.

  • À la fin du printemps, il se rend en Espagne et au Portugal pour un long séjour. Il aime visiter la campagne et les villes historiques pour leur intérêt artistique. Comme prévu, ses bagages sont remplis d'aquarelles et de crayonnés à son retour.

  • Noemie Bull, propriétaire d'un domaine situé près de Highwater dans les Cantons-de-l'Est, accueile Ladouceur, la SCA et un groupe d'aquarellistes passionnés pour peindre la région et ses paysages et tout en assistant à des conférences et à des séminaires pour améliorer leur technique.

  • Il s’oblige à peindre régulièrement pour respecter une date limite d’exposition à la Galerie Archambault à Lavaltrie, au Québec.

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1987

  • Ladouceur posséde un véhicule récréatif de type campeur qu'il utilise toute l'année comme atelier mobile. Cet outil flexible lui permet de se déplacer d'une destination à l'autre avec tout le matériel et les fournitures nécessaires à ses travaux de peinture ou d'enseignement.

  • Il s’arrête en Nouvelle-Angleterre pour peindre avec des artistes américains.

  • Il se rend à l'Île d'Orléans, près de Québec où il organise un atelier de fin de semaine auquel assistent des aquarellistes locaux.

  • Il traverse à Terre-Neuve avec son camping-car et contemple la beauté naturelle du parc national du Gros-Morne qu'il documente en photos.

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1988

  • Ses activités sont gênées par sa santé qui décline. Dans l'espoir de corriger un problème cardiaque, il est opéré début décembre, ce qui entraîne des complications. Au lieu d'améliorer son état de santé, son rétablissement est long et ardu. Aux problèmes cardiaques s'ajoutent à une insuffisance rénale qui évolue rapidement.

1989

  • Il se rend à Alma au Saguenay / Lac Saint-Jean pour un atelier de trois jours organisé par l'Atelier d'art d'Alma, une association d'artistes dynamique qui inaugure un festival estival d'aquarelle. Ils espèrent inviter des artistes du monde entier à envahir la rues de la ville pour peindre à l'aquarelle.

  • Dans les années qui suivent, les artistes de la région s"éprennent tellement de la technique que Ladouceur déclare qu'Alma deviendra la * Capitale de l'Aquarelle au Québec *.

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Menaud, maître draveur, tel qu'imaginé par Ladouceur pour le dernier projet de livre sur lequel il a travaillé. Déjà très malade, il a été emporté quelques jours à peine après la parution du livre. Son travail terminé, il pouvait partir…

1990

  • Pour son voyage annuel, Ladouceur se dirige vers l'Ouest américain, la Califormie et les parcs nationaux. Il revient de cette expédition de peinture avec de superbes images. Ses aquarelles représentent les magnifiques paysages de Yosemite, Sequoia, Mesa Verde, Cactus Park, Joshua Tree, Arches, le Grand Canyon, Painted Desert, Spider Rock, Bryce Canyon, Zion, le Grand Lac Salé, Yellowstone et Gran Teton.

  • Il prépare un nouvel ouvrage de collection basé sur le célèbre poème * La romance du vin * à l'occasion du 50e anniversaire de la mort du poète Émile Nelligan. L'œuvre finale est présentée dans un boîtier d'art fait main, recouvert de lin bleu. Elle est fabriquée sur mesure et conçue pour recevoir 10 sérigraphies originales nécessitant 12 passes distinctes et 14 pages de texte dotées d'une calligraphie originale conçue de sa main.

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1992

  • Il a met la dernière touche à son dernier projet. Il peint 15 aquarelles pour une réédition de * Menaud, maître-draveur *, un roman classique de la littérature franco-canadienne écrit par Félix-Antoine Savard. Les Éditions Fides en finissent l'impression alors que Ladouceur vit ses derniers moments à l'hôpital.

  • Il décède le 21 novembre à l'hôpital Sacré-Coeur de Montréal.

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Le hibou s’est endormi

Le temps passe et chaque instant se transforme en souvenirs. Un jour, une semaine, un mois, un an, cinq, dix, vingt-cinq ans, ça s’accumule sans qu’on s’en rende compte. Déjà un quart de siècle que Jean-Paul Ladouceur est parti rejoindre ses ancêtres. Le hibou a fermé ses yeux.

Le hibou a fermé ses yeux. C’était son animal fétiche auquel il s’identifiait tant par la sagesse que par son allure particulière. Perché sur un pinceau, le hibou stylisé de Jean-Paul l’a accompagné tout au long de sa carrière, c’était sa signature, sa marque qu’on retrouvait sur son papier personnel, sa correspondance, ses bulletins et même, trônant au sommet des armoiries dessinée pour la SCA.

Quelle tristesse, Jean-Paul avait plein d’idées, de projets qu’il a laissés en plans, regardant les confrères de sa génération poursuivre la route sans lui. Il avait à peine 70 ans, un âge mûr, un beau parcours mais insuffisant pour réaliser tout son potentiel.

Il repose maintenant dans un coin de la mémoire de ceux qui l’ont connu. Pourtant, il vit toujours dans les maisons de ceux qui apprécient son art et son talent. Il fait partie de ces êtres privilégiés dont les oeuvres permettent à sa présence de déborder le cadre d’une vie. Il n’est plus là, pourtant son talent réjouit encore ceux et celles qui ont la chance de posséder une de ses aquarelles…